Le kaolin est une roche à partir de laquelle est dérivé le minéral
argileux kaolinite. Il a été utilisé pendant de nombreuses années
comme ingrédient principal dans la vaisselle en porcelaine.
Aujourd'hui, ses usages vont du papier aux peintures, des fibres de
verre aux cosmétiques et produits pharmaceutiques, ainsi que dans la
porcelaine sanitaire (pour les salles de bains).
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Ancienne carrière de kaolin, aujourd'hui remplie d'eau. |
Le
kaolin est un minéral cristallin d'aluminosilicate hydraté formé
sur plusieurs millions d'années par la décomposition hydrothermale
des roches granitiques, les feldspaths, de mica et du sable. Le
kaolin peut
être
modifier à haute température, pour obtenir plusieurs produits aux
propriétés différentes (plus blanc, plus dur, etc).
La
découverte de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute Vienne) à la
fin des années 1760 a été déterminante pour l'économie locale.
Cette argile blanche de haute qualité est devenue essentielle pour
l'industrie de la porcelaine, bénéficiant particulièrement aux
célèbres fabricants de porcelaine de Limoges. Au XIXe siècle, les
mines de kaolin de l'Indre, notamment dans la ville
d'Argenton-sur-Creuse, étaient florissantes. Ces gisements ont
contribué de manière significative au développement économique de
la région, permettant la production de porcelaine fine qui a acquis
une renommée internationale.
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En direction du digue.
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Cependant,
à la fin du XXe siècle, l'industrie a connu un déclin en raison de
l'épuisement des gisements facilement accessibles et de la
concurrence des sources de kaolin à l'échelle mondiale. Malgré
cette baisse, l'impact historique de l'extraction du kaolin reste
évident. Aujourd'hui, l'activité se poursuit avec Imerys Ceramics,
basée à Tournon-Saint-Martin, l'un des plus grands producteurs de
kaolin au monde.
À
la Cabane, une première demande d'exploitation minière a été
faite par Denain-Anzin Minéraux en 1972, mais il y avait une
carrière sur le site depuis 1964 et Denain-Anzin Minéraux était
actif dans la région depuis 1959. L'entreprise a vendu son activité
minière dans l'Indre, l'Indre-et-Loire et la Vienne ainsi que
l'équipement associé à WBB de France pour 35 000 francs en 1978.
WBB a continué à exploiter la Cabane jusqu'en 1983, date à
laquelle la carrière a été abandonnée. L'équipement lors de la
vente comprenait trois camions, un chargeur et deux pelles, ainsi que
du matériel de séchage et de traitement de l'argile et deux hangars
de stockage à la gare de Tournon Saint Martin. WBB France était une
branche française d'une entreprise britannique basée dans le Devon
appelée Watts, Blake, Bearne and Company Limited. Denain-Anzin
Minéraux a été racheté par Imerys en 2005 et WBB n'existe
plus.
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Stock de kaolin chez Imerys à Tournon Saint Pierre. |
Le
terrain appartenait à un tiers et Denain-Anzin n'avait que les
droits d'extraction minérale sur sept hectares à La Cabane et à La
Touche au Lard. L'argile industrielle mesurait de un à trois mètres
d'épaisseur, sous deux à cinq mètres de terre arable, de sable et
de gravier. Elle était extraite d'une carrière à ciel ouvert par
une pelle hydraulique. Au cours des trois années précédant
septembre 1971, un peu plus de 10 000 tonnes d'argile avaient été
extraites, destinées aux usines de céramique. Le site était divisé
en zones, chacune étant creusée successivement. La terre arable
était enlevée, l'argile extraite, puis la zone épuisée était
remblayée avec la terre arable de la zone suivante. Denain-Anzin
Minéraux était tenu par les termes de son arrêté de restaurer le
terrain pour qu'il puisse être cultivé, et toute l'infrastructure
devait être enlevée. Les restes de la carrière elle-même devaient
être laissés avec des côtés propres et stables, et s'il y avait
un risque qu'elle soit utilisée comme décharge, Denain-Anzin
Minéraux devait la clôturer avant de partir.
WBB
France exportait 75 % des 500 000 tonnes d'argile par an qu'ils
extrayaient à leur filiale en Allemagne. Ils exploitaient quatre
carrières près de Tournon-Saint-Martin et en 1977, ils ont vendu 13
000 tonnes de cette production, dont 30 % étaient exportées. Après
des investissements dans l'équipement, la production devait
augmenter à 30 000 tonnes. Leur directeur local était Monsieur P.
Andrei, et tous ceux à qui j'ai parlé l'ont mentionné comme la
personne à contacter pour obtenir des informations, mais
malheureusement, il est décédé. Son supérieur était un ingénieur
anglais nommé Geoffrey Dawes. J'avais espéré avoir une idée du
fonctionnement quotidien de l'entreprise, mais bien que j'aie parlé
à un parent et à d'autres personnes qui connaissaient Monsieur
Andrei, personne n'a pu me donner de détails. Imerys Ceramics n'a
pas répondu à mon courriel. Je comprends que l'argile était
chargée sur des camions et transportée à la gare de
Tournon-Saint-Martin, où elle était stockée pour être ensuite
transportée par rail en Allemagne. Ce que je n'ai pas pu déterminer,
c'est à quel moment l'argile était séchée, mais cela devait être
soit sur place à La Cabane, soit à l'installation de stockage de
Tournon-Saint-Martin.
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Imerys à Tournon Saint Pierre. |
Lorsque
l'entreprise a changé de mains en 1978, la Préfecture, la
sous-préfecture de Loches, le maire de Bossay-sur-Claise, le Service
de l'État pour l'Industrie et les Mines, les Directeurs des services
départementaux de l'Équipement, de l'Agriculture et des Antiquités,
et l'Architecte des Bâtiments de France (architecture et monuments
historiques) ont été consultés et ont dû donner leur permission.
L'Ingénieur des Mines départemental et les gendarmes ont été
informés.
Lorsque
WBB a décidé de fermer la carrière en 1981, ils en ont informé
l'Ingénieur des Mines départemental, rappelant que les
exploitations précédentes avaient été laissées nivelées,
enherbées et prêtes à être cultivées. Toutes les autorités
susmentionnées ont été de nouveau informées. Denain-Anzin
Minéraux a également dû fournir une déclaration indiquant qu'ils
n'étaient plus impliqués et une photo de l'état dans lequel le
site avait été laissé. Ils ont accepté les actions suivantes pour
la carrière existante :
1.
La base de la carrière a été nivelée.
2. Les bords ont été
inclinés à 30° et le talus recouvert de terre arable pour
permettre la revégétalisation.
3. Un digue a été créée
entre la carrière et le fossé de drainage.
4. La zone de
stockage a été nettoyée, nivelée et engazonée.
5. La dalle
de béton a été laissée, pour fournir un espace de stockage pour
le matériel agricole.
Ainsi, de nos jours, nous pouvons
avoir l'impression que La Cabane est un site sauvage et intact, mais
en réalité, il a été grandement impacté par les actions de
l'homme au XXe siècle. Cependant, il a maintenant bénéficié de
plusieurs décennies de "réensauvagement" et de
régénération naturelle, et est devenu un site riche en
biodiversité, digne d'être déclaré Zone Naturelle d'Intérêt
Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) en 2022.
Mes
remerciements à
Jean-Marie Millet, qui était mon ‘rat des archives’ et trouvé
plusieurs documents très instructif.
Susan
WALTER
May 2024